Catalogue I - Dessins de la Fondation Maeght
29.03.1980
Articles by Jean-Louis Prat and Olivier Kaeppelin
Dessins de la Fondation Maeght / Catalogue I / 29 mars - 31mai 1980
Fondation Maeght / 06570 Saint-Paul
Le choix des quelque 190 œuvres
présentées dans cette exposition s'explique par des « rencontres » ; d'autres
auront lieu en leur temps, et des œuvres nouvelles viendront s'ajouter à cette
liste et enrichir ce premier catalogue. L'ainé des artistes que nous présentons
ici, Henri Matisse, serait s'il vivait encore plus que centenaire ; quant
au benjamin, Michaël Lechner il n'a pas plus de trente ans. Ce sont donc plus
de trois générations d'artistes qui sont présentes dans cette exposition.
Cependant, cet itinéraire que nous effectuons dans le temps se veut également
un voyage dans l'espace, en garda nt toutefois une priori té à l'art contemporain.
Il reflète non seulement les pays mais aussi les continents : l'Amérique,
1'Asie, l'Europe ... Certaines périodes ou certains mouvements qui se trouvent
ici à l'état embryonnaire seront complétés, d'autres voies seront ouvertes,
conférant ainsi plus d'homogénéité à cet ensemble. Néanmoins, il fallait
effectuer à ce point du parcours une sorte de pause. C'est la vie même d'une
collection, comme le rappelle André Malraux dans « Le Musée Imaginaire » :
"... Le musée est formé des œuvres qu'on a pu réunir ; mais l'acharnement
le plus heureux ne permet encore que la collection d'un petit nombre d'œuvres
(...). Mais il appelle d'une façon impérieuse tout ce qui lui manque : il est
lui-même appel, de par la confrontation qu'il impose... » Nous tenons à remercier ici tout
particulièrement les collectionneurs et les artistes qui nous ont généreusement
aidés par des dons importants à constituer, au côté de ces nombreuses
acquisitions, ce fonds essentiel qui donne ainsi la possibilité d'établir un
plus ample dialogue avec l'art vivant et nous permet d'envisager aussi ce qui
voudrait devenir assez rapidement un plus vaste cabinet de dessins.
directeur de la Fondation Maeght
Textes de Olivier Kaeppelin
Après des études d'art à Vienne
(1969-1975), Michaël Lechner s'installe en France en 1976, année où il
obtient une bourse franco-autrichienne (Bourse à la Création). Il suit
pendant deux ans des cours de gravure dans l'atelier Lacourière-Frélaut à
Montmartre et à l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. De 1978
à 1991 il se fixe près de Fontainebleau. Ses travaux s'inscrivent dans
une conception moderne du paysage. Ils s'accompagnent de textes de
Pierre Cabanne, Günther Feuerstein, Alain Jouffroy, Günter Metken,
Jacques Leenhardt, Bernard Noël, Kristian Sotriffer, ou encore François
Wehrlin. Ses premiers paysages des années 70 comportent des murs, des
fossés, des systèmes complexes de réseaux. Son travail sur le paysage
s'estompe au fil des années. En 1980, il crée des œuvres « sérielles »
comme des partitions de musique électronique. En 1987-1989 commence une
phase dynamique : le fond du tableau entre en mouvement pour finalement
basculer, accompagné par des fragments de corps en rotation ; surgissant
de la surface, se projetant hors du cadre. Les formes perspectivistes
se décomposent, se déconstruisent pour se faire plus frontales, plus
verticales. Ses derniers paysages se situent quelque part entre
Carnuntum et l'Atlantique, faisant référence au paysage archéologique.
Ses voyages en Grèce, en Italie, en Israël, en Afrique du Nord, etc.
nourrissent son œuvre. Il travaille avec des oxydes de fers qui
définissent l'armature et des crayons de sanguine qui apportent la
couleur, parfois soulignées d'aquarelle ou de liants acryliques aux tons
discrètement dilués. Il jouit d'une solide renommée internationale,
plus spécialement à la suite d'expositions personnelles présentées à
Vienne (1973, Am Graben, Vienne); à Paris où le galeriste Lucien Durand
le fait connaître dès 1977; à Villeneuve-lez-Avignon enfin, qui réunit
en 1983 à la Chartreuse une première rétrospective de ses œuvres peintes
entre 1976 et 1983. Il remporte la même année une bourse de recherche
et de création de la Délégation aux Arts Plastiques. La galerie Jeanne
Bucher à Paris lui consacre plusieurs expositions (1987, 1989, 1993). En
1990 il adopte un pseudonyme et décide de porter dorénavant le nom de
Michaëlechner. Depuis 1991, Michaël Lechner est installé dans un atelier
à Chatenay-Malabry. Il est marié à la céramiste autrichienne Linde W.
Lechner avec laquelle il partage de nombreuses expositions. En 2011, le
Centre d'art et de culture de Meudon leur offre une exposition commune.
Drawings from the Maeght Foundation / Catalog I / March 29 - May 31, 1980
Maeght Foundation / 06570 Saint-Paul
The choice of some 190 works presented in this exhibition can be explained by "encounters"; others will take place in due course, and new works will be added to this list and enrich this first catalog. The eldest of the artists that we present here, Henri Matisse, would be if he lived still more than a hundred years old; as for the youngest, Michaël Lechner, he is not more than thirty years old. More than three generations of artists are therefore present in this exhibition. However, this itinerary that we take in time is also intended to be a trip in space, while keeping a priority to contemporary art. It reflects not only the countries but also the continents: America, Asia, Europe ... Certain periods or certain movements which are here in an embryonic state will be completed, other paths will be opened, conferring thus more homogeneity to this set. However, at this point in the course, a sort of break had to be taken. It is the very life of a collection, as André Malraux reminds us in "Le Musée Imaginaire": "... The museum is made up of works that we have been able to bring together; but the most successful relentlessness does not yet allow than the collection of a small number of works (...). But he calls imperiously all that is lacking: he is himself called, by the confrontation that he imposes ... " We would like to thank in particular the collectors and artists who have generously helped us with important donations to constitute, alongside these numerous acquisitions, this essential fund which thus gives the possibility of establishing a wider dialogue with art. alive and allows us to also consider what would rather quickly become a larger cabinet of drawings.
Jean-Louis Prat
director of the Maeght Foundation
Texts from Olivier Kaeppelin
After studying art in Vienna (1969-1975), Michaël Lechner moved to France
in 1976, the year he obtained a Franco-Austrian grant (Bourse à la
Création). For two years, he took engraving courses at the
Lacourière-Frélaut studio in Montmartre and at the National School of
Decorative Arts in Paris. From 1978 to 1991 he settled near
Fontainebleau. His works are part of a modern conception of the
landscape. They are accompanied by texts by Pierre Cabanne, Günther
Feuerstein, Alain Jouffroy, Günter Metken, Jacques Leenhardt, Bernard
Noël, Kristian Sotriffer, and François Wehrlin. His first landscapes of
the 70s include walls, ditches, complex systems of networks. His work on
the landscape has faded over the years. In 1980, he created "serial"
works such as electronic music scores. In 1987-1989 a dynamic phase
begins: the background of the painting begins to move and finally
topples, accompanied by fragments of rotating bodies; rising from the
surface, projecting out of the frame. Perspectivist forms break down,
deconstruct to become more frontal, more vertical. His last landscapes
lie somewhere between Carnuntum and the Atlantic, referring to the
archaeological landscape. His travels to Greece, Italy, Israel, North
Africa, etc. nourish his work. He works with iron oxides that define the
frame and red chalk crayons that add color, sometimes underlined with
watercolor or acrylic binders in discreetly diluted tones. He enjoys a
solid international reputation, more especially following personal
exhibitions presented in Vienna (1973, Am Graben, Vienna); in Paris
where the gallery owner Lucien Durand made him known in 1977; finally in
Villeneuve-lez-Avignon, which brought together in 1983 at the
Chartreuse a first retrospective of his works painted between 1976 and
1983. In the same year, he won a research and creation grant from the
Délégation aux Arts Plastiques. The Jeanne Bucher gallery in Paris
devotes several exhibitions to him (1987, 1989, 1993). In 1990 he
adopted a pseudonym and decided to henceforth bear the name
Michaëlechner. Since 1991, Michaël Lechner has been living in a workshop
in Chatenay-Malabry. He is married to the Austrian ceramist Linde W.
Lechner with whom he shares numerous exhibitions. In 2011, the Meudon
Art and Culture Center offered them a joint exhibition.